Sacs de grains à moudre @museum.de

M: Hauts et à encolure étroite, les sacs à céréales et à farine étaient les signes extérieurs de richesse de l’époque !

F: Ils servaient à transporter le grain au moulin puis à rapporter chez soi la farine fraîchement moulue. Ils devaient donc être solides et au tissage très serré, en toile de chanvre faite maison, cela va sans dire !

M: Ces sacs faisaient partie de la dot et ils tenaient toute une vie. On en prenait donc grand soin. Pour éviter les confusions, et aussi pour faire montre de sa richesse, on les personnalisait avec le nom du propriétaire et de son village, mais aussi des ornements stylisés. A partir d’un certain nombre de sacs, un propriétaire se faisait même une joie de les numéroter.

F: Les sacs les plus anciens qui aient été conservés proviennent du début du 19e siècle. Au fil des décennies, chaque village a développé son style : les paysans d’Altenheim décoraient leurs sacs à grain d’une guirlande de feuilles finissant sur des fleurs à cinq pétales. Ceux d’Ichenheim avaient opté pour un feston plus long et plus sophistiqué. Le village de Müllen, plus modeste, se contentait de cinq astérisques décoratifs.

M: Le sac pouvait aussi faire mention de la profession du propriétaire : le bretzel indique tout de suite que Karl Zimpfer était boulanger de son état.

F: Ces fioritures avaient probablement aussi un fond symbolique : les fleurs et les festons évoquent la fertilité et la richesse, les cœurs évoquent la paix. Quand elles sont mentionnées, les épouses des agriculteurs le sont tout au plus par leurs initiales. Ainsi, David Büttner, dont vous pouvez admirer les sacs de céréales bicolores en bas à droite, avait convolé avec une certaine dénommée Marie Ursula Roth. Ce sont ses initiales, M – U – R, qui figurent sous le nom de son mari.

M: Au milieu du 20e siècle, sous l’effet de l’industrialisation de l’agriculture, les sacs à grain disparaissent du quotidien des gens et aujourd’hui, ils ne servent plus qu’à la décoration.