James Krüss – De l‘imagination @museum.de

Qui était James Krüss? Comment expliquer son succès fulgurant et son immense popularité? Les photos nous donnent-elles des indices?

Sur ce portrait en noir et blanc, c’est un homme rieur à la mine enjouée qui porte sur nous son regard vif et malicieux, une casquette de capitaine vissée sur sa tête. Un autre cliché nous en dit davantage encore: on y voit l‘écrivain au travail, avec pour tout bureau un rebord de fenêtre. C’est ainsi qu’il préférait écrire, toujours à la main, parfois avec un béret de marin.

Mais d’où lui vient cet art de manier la rime avec tant de facilité? Ses compagnons de route et les critiques littéraires donneront tous la même réponse : l’imagination. C’est grâce à elle qu’il a pu se frayer un accès au monde de l’enfance, sur un mode ludique et enjoué, et expliquer aux petits et aux grands des sagesses sur les hommes et les animaux :

Je suis homme, en un sens bien spécial.

Quand les bêtes sont cocasses, et qu’elles sont joviales,

Elles sont cocasses, joviales et c’est tout.

Quant à moi, je sais quand je suis heureux.

Les bêtes sont à jamais ce qu’elles sont.

Un loup est un loup, de même qu’un lion.

Moi je peux tout être : et dauphin et mouette.

Ce qui me fait homme : l‘imagination.

Krüss établit un lien direct entre ses origines insulaires et son imagination débordante. Voici ce qu’il en dit dans ses mémoires :

"Sur de petites îles où on n’a pas beaucoup de place pour se défouler, même les imaginations les plus arides exploitent leurs ressources à fond. Pour mettre un peu de couleur à la grise monotonie des lieux et des heures, on se dessine des histoires pour améliorer son quotidien."

Dans ses romans et ses histoires, Krüss joue avec les mots et la perception. Si le ton est badin, le propos est sérieux. Il donne des leçons de morale, mais sans tomber dans la condescendance. Il affirme qu’écrire des poèmes pour les enfants est ce qui lui a procuré le plus de plaisir dans la vie. Et si par ses écrits, les enfants apprennent à distinguer le bien du mal, à découvrir le monde avec curiosité et soif de savoir, alors son œuvre et son legs n’auront rien perdu de leur magie et de leur raison d’être. Car les enfants sont les adultes de demain.