Station: [26] Charriots et charrettes
M: David Marzluf (aussi connu sous le sobriquet de « Reche-Fiet » et) figure légendaire d’Altenheim, est en route pour les champs. Il porte la chemise typique des paysans et ses lourdes chaussures basses de cuir sont recouvertes de guêtres. Car des bottes en cuir auraient été bien trop chères !
Il conduit (ce qui s’appelle dans le parler local un « bolterwagen », autrement dit) un véhicule qui brinquebale, cahin-caha, tout ce qui doit être transporté aux champs et tout ce doit en revenir à la ferme.
F: Le plus grand des chariots à ridelles servait deux fois dans l’année : pour les récoltes de foin et de paille. Le reste du temps, il était démonté et rangé en pièces détachées pour ne pas encombrer la grange.
M: Ce charriot à ridelles a une biographie intéressante au regard d’un chapitre de l’histoire locale. Il appartenait initialement à la famille Graf, qui l’a ensuite cédé à un certain Wilhelm Marx, lequel l’a à son tour revendu à Johannes Roth. Pourquoi tant de changements de propriétaire ? Comme beaucoup d’habitants d’Altenheim, Marx s’était résolu à prendre le chemin de l’exil. En 1920, il quitte le pays, laissant derrière lui son pays et son charriot.
F: Les guerres napoléoniennes, les sécheresses, les mauvaises récoltes et les catastrophes naturelles, sans oublier la répression politique au 19e siècle, avaient déclenché plusieurs vagues d’immigration, qui n’ont pas épargné Altenheim. En rétrospective, un enseignant d’Altenheim décrit ainsi la situation :
Zitator: C’est en 1817, année consécutive à une récolte catastrophique, que les prix ont le plus renchéri. La famine fut telle que beaucoup de gens étaient prêts à échanger de bonnes terres contre quelques miches de pain. Une parcelle agricole de 27 ares, cédée dans la détresse à un boulanger local contre 3 miches de pain, porte aujourd’hui encore le surnom de « champ aux trois miches ».
F: Au cours du 19e siècle, 662 habitants d’Altenheim se sont expatriés au total. Ils mettaient le cap sur l’Amérique. Ceux d’entre eux qui revenaient au pays des années plus tard, fortune faite, en incitaient d’autres à tenter leur chance à l’étranger.
M: La grande majorité des habitants restait toutefois au pays. Vous pourrez faire la connaissance de certains d’entre eux et découvrir de quoi était fait leur quotidien, dans cette grange. Par exemple celui de Reche-Fiet, juché en haut de sa charrette cahotante.
Photos: © Heimatmuseum Neuried